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Machinisme de demain, un défi humain ! Quelle sera la taille des moissonneuses-batteuses de demain ?

En 2018, les barres de coupe de 9 m représentaient 18 % des ventes en France, contre 25 % en 2022. Celles de 10,7 m s'attribuaient 6 % des ventes, contre 22 % en 2022, témoignant de l’augmentation de la largeur des têtes de récolte.

Dans un contexte où certaines exploitations céréalières deviennent de plus en plus grandes, la taille des machines de récolte va naturellement suivre cette tendance. Afin d'avoir une vision plus claire de l'évolution future des moissonneuses-batteuses, Aurélien Pichard, responsable produit spécialisé dans la gamme CR chez New Holland pour l'Europe, répond à nos questions.

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Aurélien Pichard, responsable produit spécialisé dans la gamme CR chez New Holland pour la France et l’Europe, estime que la dimension des éléments des machines de récolte va encore augmenter.

Matériel Agricole : Quelles sont, selon vous, les plus grandes évolutions à venir sur les moissonneuses-batteuses ?

Aurélien Pichard : L’augmentation de la dimension des éléments des automotrices de récolte ne s’arrêtera pas. Il y a dix ans, une barre de coupe de 9 m semblait inadaptée et trop large pour bon nombre de céréaliers en France. Aujourd’hui, cette largeur est devenue bien plus courante dans les campagnes. Les têtes de récolte augmenteront et dépasseront les 16 m de large. Les organes de la moissonneuse-batteuse devront aussi être capables de battre, de séparer la récolte de la paille et d'assurer le transfert, à l’arrière comme en trémie. Les diamètres des rotors, sensiblement augmentés, permettront de passer de grandes quantités de matière. Les machines disposeront potentiellement d’un caisson de nettoyage positionné au-dessus des roues arrière de manière à augmenter la surface des grilles et à permettre à la moissonneuse-batteuse de conserver un débit conséquent sans limiter sa vitesse d’avancement (hypothèse). Toujours dans le but de ne pas « freiner » la machine dans la parcelle, la capacité de trémie devra atteindre les 20 000 L. Le temps de vidange ne devra pas excéder les 100 secondes, générant ainsi des débits de vis de 200 L/s.

M.A. : Quelle est la grande révolution de ces dernières années ?

A.P. : La grande révolution de ces dernières années sur les machines de récolte est sans aucun doute le guidage et l’automatisation des réglages (battage, séparation et nettoyage). Demain, les constructeurs vont s’atteler à mieux gérer et automatiser le broyage afin de consommer moins de puissance moteur. L’éparpillage des pailles et menues-pailles sera géré en fonction de divers paramètres, à l’image du vent, de la densité de la matière, etc. Des caméras analyseront la répartition au sol en prenant compte de la volatilité du produit. La diminution de l’usage des produits phytosanitaires pousse les constructeurs à se concentrer également sur la gestion des adventices. New Holland travaille déjà sur un broyeur tournant à haut régime pour éclater les graines afin d’éviter leur repousse.

M.A. : Est-ce que les machines vont dépasser les 1 000 ch ?

A.P. : Je ne pense pas que les moissonneuses-batteuses dépasseront les 1 000 ch, du moins pas chez New Holland. Cela engendrerait une consommation trop importante par rapport au débit de la machine, abaissant son rendement énergétique. La diminution du nombre de poulies permet, par exemple, d’abaisser la perte de puissance liée à la cinématique. Nous travaillons d’ores et déjà, au niveau de la barre de coupe, sur l’hybridation de l’entraînement des organes (vis, rabatteurs, scies) avec des modules électriques, d’autres restant mécaniques et hydrauliques. Nous pouvons imaginer dans un futur proche une cinématique hybride complète de la machine, avec l’électrification de l’entraînement des organes de nettoyage par exemple, pour que le moteur diesel conserve une puissance bien en deçà des 1 000 ch.

M.A. : Les machines devront-elles reposer sur trois essieux ?

A.P. : Malgré l’augmentation des capacités de battage, de séparation et de trémie, les moissonneuses-batteuses de demain resteront équipées de deux essieux. À l’image des tracteurs de 400 ch, elles se chausseront de pneumatiques de grand diamètre pour atteindre 46 pouces à l’avant, tout en respectant un gabarit routier de 3,5 m pour certains pays comme l’Allemagne.

M.A. : Pourquoi ne pas équiper intégralement les machines de chenilles ?

A.P. : Les chenilles permettent en effet de respecter plus facilement le gabarit routier, avec des largeurs de bande de roulement de 800 mm par exemple. Le point faible d’un tel équipement repose sur son usure, surtout sur route à 25 km/h avec un cueilleur à maïs repliable attelé au convoyeur. 

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